La symbolique gravitant autour du loup contribue à lui donner une image de bête féroce. "Le Petit Chaperon Rouge", "Le loup et l'agneau" et autres films de loup-garou véhiculent une image pour le moins négative de l'animal. Pourtant, le loup fascine et émerveille autant qu'il est craint.  Dans la culture européenne, il est symbole de destruction, du monde sauvage, mais aussi de protection, de fertilité (Mythe de Rémus et Romulus). C'est donc une dualité forte entre le bien et le mal que matérialise le loup.

 

    Toutes ces croyances et ces images permettent de comprendre la certaine appréhension des randonneurs. Inconsciemment, une sorte de psychose s'installe. Les promeneurs sont plus méfiants et n'osent plus s'aventurer sur les sentiers de randonnées, laisser leurs enfants jouer en forêt ou y lâcher leurs chiens. Pourtant, depuis 1992, aucune attaque n'a été déclarée, ni même de situation dans laquelle un loup se serait montré agressif envers un homme. Ce dernier ayant toujours moins peur du loup que le loup n'ai peur de lui, même si des témoignages affirment le contraire. Pour Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban-des-Villards ( Savoie)

« Il y a des agriculteurs qui vont diront aujourd’hui que le loup il est tellement présent, qu'il n’a plus peur de l’homme, l’homme le voit régulièrement. On a un berger qui l’a vu il y a trois jours à 25m. Nous on a des photos prises par des téléphones portables, par des locaux notamment sur la commune de Saint Jean d’Arves avec la présence du loup à 100-150m des personnes. Le loup n’a plus peur ».

 

    Des attaques ont été avérées par des loups porteurs du virus de la rage mais bien avant son extinction dans les années 30. Depuis 2000, le virus a été éradiqué du territoire. Cependant, il est clair que le risque zéro n'existe pas. En terme de statistique, il est plus probable de se faire mordre par un chien que par un loup. Chaque année, il y a une dizaine de morts dus a des attaques de chiens contre zéro pour le loup depuis son retour.

 

     Le risque pour les randonneurs n'est pas tant la présence du loup mais celui des chiens patous. Ces chiens de protection indispensables aux bergers et gardant le troupeau contre les attaques de loup. On en compte pas moins de 2000. Les patous peuvent cependant se montrer particulièrement agressifs envers les promeneurs s'approchant trop près d'un troupeau - malgré des panneaux d'information et de mise en garde de la présence de cheptel et donc de chiens de protection. Des conflits naissent alors entre bergers et promeneurs, indirectement du à la présence du loup. Les chiens s'interposent, aboient pour avertir et repousser le visiteur indésirable considéré comme une menace pour le troupeau. Si le promeneur force le passage au lieu de s'éloigner, les chiens peuvent alors attaquer. Par exemple, le 13 août 2016, à Chichilianne (Isère), une promeneuse de 57 ans a été attaquée par deux chiens dont un patou. Lorsque une morsure se produit, cela peut se terminer au tribunal où l'éleveur peut se retrouver particulièrement démuni. Des maires adviennent alors à interdire l'accès à des pâturages fréquentés par les randonneurs aux troupeaux possédant des chiens de protection. De fortes tensions se créent alors entre le monde agricole d'un côté et le secteur du tourisme et les riverains de l'autre. Une pétition ayant même été lancée sur change.org contre les agressions de patous et pour que la montagne redevienne un espace de liberté. Ce à quoi les éleveurs ont répondu que, même en montagne, il y avait des règles à respecter; les alpages n'étant pas la propriété des touristes et des randonneurs inconscients. 

 

Au delà de l'aspect du risque d'agressions, les chiens de protections généraient aussi des nuisances sonores pour le voisinage notamment à cause des aboiements nocturnes ou journaliers. Entre la gestion du loup et la gestion des patous, les bergers sont au centre de nombreux conflits et doivent se concerter avec des acteurs aux intérêts divers.